ChatGPT rend-il notre cerveau paresseux ? Une étude du MIT tire la sonnette d’alarme

Une nouvelle étude préliminaire du MIT suggère que l’utilisation des chatbots d’intelligence artificielle comme ChatGPT pourrait réduire l’activité cérébrale et nuire à la rétention des informations.

L’IA rend-elle l’apprentissage trop facile ?

Alors que l’intelligence artificielle générative devient omniprésente dans l’éducation et la vie professionnelle, une recherche menée par le MIT Media Lab soulève une question essentielle : que se passe-t-il dans notre cerveau lorsqu’on délègue une tâche cognitive à une IA ?

Le Dr Nataliya Kosmyna et son équipe ont mené une expérience: plusieurs étudiants de la région de Boston ont été invités à rédiger des essais pendant 20 minutes, avec ou sans aide extérieure. Les participants étaient divisés en trois groupes :

• Un groupe sans assistance (écriture “à l’ancienne”)
• Un groupe utilisant un moteur de recherche
• Un groupe ayant accès à GPT-4o d’OpenAI

Chaque session a été répétée quatre fois, sur plusieurs mois, les cerveaux des participants étant analysés via EEG (électroencéphalogrammes) pour détecter leur niveau d’activité neuronale.

Moins l’humain réfléchit, moins son cerveau travaille

Les résultats, bien que préliminaires (l’étude n’a pas encore été revue par les pairs), sont sans appel : plus l’assistance extérieure augmente, plus l’activité cérébrale diminue.

L’analyse EEG a montré que :

• Le groupe utilisant un moteur de recherche présentait 34 à 48 % de connectivité cérébrale en moins.
• Le groupe utilisant l’IA chutait jusqu’à 55 %.

En clair, les étudiants accompagnés par ChatGPT étaient les moins engagés cognitivement. Leur cerveau “travaillait” moins, car ils s’appuyaient sur les suggestions automatisées plutôt que de générer eux-mêmes les idées.

Un impact concret sur la mémoire et l’apprentissage

Au-delà de la simple activité cérébrale, l’étude a également testé la mémoire et le sentiment d’appropriation du contenu produit.

Les résultats : le groupe LLM (ChatGPT) obtenait de moins bons résultats sur tous les plans.

Lors de la quatrième session, les chercheurs ont échangé les groupes : ceux ayant utilisé l’IA devaient rédiger seuls, et inversement. Résultat ? Les anciens utilisateurs d’IA ont vu leurs performances chuter brutalement, incapables de retrouver un bon niveau de concentration sans assistance.

L’apprentissage par l’effort avant l’IA

Selon les chercheurs, l’intégration de l’IA dans l’éducation devrait être différée : il serait plus judicieux de laisser les élèves travailler seuls avant de leur proposer un soutien intelligent.

En effet, l’apprentissage actif (sans IA) favorise une meilleure mémoire, une meilleure compréhension et un esprit critique renforcé.

“Les outils d’IA offrent des opportunités inédites, mais leur effet sur le développement cognitif doit être étudié sérieusement”, conclut le rapport.

Faut-il bannir l’IA ?
Non, mais…

L’objectif n’est pas de diaboliser les intelligences artificielles comme ChatGPT, mais d’apprendre à les utiliser au bon moment.

L’IA ne doit pas devenir une béquille permanente, au risque de produire une génération “assistée” qui ne sait plus réfléchir par elle-même.

Comme le dit Dr Kosmyna, inutile de parler de “cerveaux mous” ou d’“abrutissement” : le sujet mérite bien plus de nuance. Mais l’impact sur le cerveau est réel et mérite une vigilance accrue, surtout chez les plus jeunes.